La Franc Maçonnerie et les financements éthiques - Suite de la conférence du 19 janvier 2012 Tenue à Cherbourg par Monsieur Julien RITTENER
A l’initiative de la Loge de la Grande Loge Mixte Universelle « les Enfants du Paradis », association maçonnique mixte installée depuis plus de dix ans sur Cherbourg, une conférence à été organisée sur « la Franc-Maçonnerie et les financements éthiques », par Monsieur Julien RITTENER, consultant expert en organisation, gestion, finance d’entreprises et Président Fondateur du Fonds Commun Participatif Maçonnique. Monsieur RITTENER intervient également en Grandes Ecoles, Universités, Chambres Consulaires et auprès de l’Assemblée Permanente des Chambres de métiers.
Dès l’abord, il semble nécessaire de définir les concepts que nous allons utiliser, notamment celui de financement éthique maçonnique.
Un financement éthique concerne des projets dans lesquels se retrouvent des Francs Maçons et des profanes.
Il doit en outre répondre à un certain nombre de critères comme, en interne :
- être à l’écoute et rechercher la satisfaction de son personnel ;
- intégrer les salariés volontaires aux prises de décisions ;
- avoir une politique de recrutement respectant la diversité (mixité, handicap,...) ;
- avoir un turn-over cohérent avec son activité ;
- avoir un plan de formation volontariste ;
- aménager le temps de travail dans le respect du développement humain ;
- être transparent et ouvert dans sa communication ;
- reverser équitablement les bénéfices entre le capital, le travail et l'investissement ;
- avoir une politique volontariste en termes d'investissements.
- En externe :
- commercialiser des produits ou services ayant un réel apport pour la société (pas de nature spéculative ou discriminante) ;
- être respectueux de ses partenaires (clients, fournisseurs, ....) ;
- respecter ses obligations (déclarations de compte, respect des délais de paiement aux fournisseurs, ...) ;
- s'assurer que les sous-traitants respectent les mêmes valeurs (pas de travail d'enfants ou autres formes d'esclavagisme moderne, respect de normes chimiques, ...) ;
- être écologiquement responsable.
Pourquoi la F.:M.: s’intéresse-t-elle aux financements éthiques ?
Parce que La F.:M.: s’intéresse à l’homme au sens générique du terme,
Parce que La F.:M.: s’intéresse à l’homme dans la société,
Parce que La F.:M.: s’intéresse à toutes les formes de solidarité, renouant ainsi avec ses origines.
En effet, il y a près de trois siècles, lorsque des associations professionnelles se regroupèrent pour fonder la F.:M.: telle que nous la connaissons aujourd’hui, elles étaient aussi des caisses de secours mutuelles pour aider leurs membres en difficulté. Par ce regroupement qui allait devenir « La Grande Loge Unie d’Angleterre », les caisses de secours devinrent plus importantes et plus efficaces.
C’est dans cette tradition que se situent les financements éthiques ou solidaires.
Bien sûr, des Francs Maçons, oeuvrent déjà dans de multiples organisations caritatives, souvent d’ailleurs dans la discrétion la plus totale, puisque cette discrétion est une des caractéristiques de la F.:M.:.
Mais devant les difficultés qui grandissent de jour en jour pour les citoyens des classes moyennes ou pauvres, il faut enclencher un vaste mouvement de solidarité et c’est ce à quoi nous voulons nous employer.
Nous pourrions, bien sûr donner aux organisations qui « sont là pour ça » et nous le faisons, mais nous voulons ramener à l’individu notre action et nous avons fait nôtre, cet aphorisme de la sagesse populaire :
« Si tu donnes du poisson à celui qui a faim, tu vas le rassasier une journée, après il aura encore faim ; si tu lui apprends à pêcher il n’aura plus jamais faim » et nous ajoutons qu’il pourra même à son tour donner du poisson à d’autres qui ont encore faim, dans une gigantesque chaîne d’union de ceux qui n’ayant rien eu à perdre, peuvent tout.
Nous retrouvons un peu l’esprit des coopératives et des mutuelles avant que beaucoup de ces dernières ne deviennent en Europe, des organisations sans âme.
En Afrique, des associations de femmes forment des « tontines », pour que l’argent de tous puisse profiter à une d’entres elles.
A Madagascar, l’achat en commun d’un buffle permet à plusieurs paysans de cultiver avec profit leur terre.
Aux Indes, les financements solidaires ont permis à leur organisateur de recevoir le Prix Nobel de la Paix.
Nous ne sommes pas l’Afrique, l'Inde ou l’Amérique Latine où l’objectif premier est souvent de manger, mais regardez autour de vous : la misère a-t-elle disparu ?
Bien sûr, ce n’est pas la même misère que le sous-continent indien ou l’Afrique, mais il n’en reste pas moins qu’elle est présente et fortement ressentie.
Des organisations professionnelles existent déjà dans les Chambres de Commerce et d’Industrie, les Pôles emploi pour tenter de faire se rencontrer de futurs entrepreneurs avec des financements et c’est dans cette voie que nous nous inscrivons en multipliant le plus possible le nombre de ceux qui veulent à nouveau prendre leur destin en main et peser sur l’avenir, mais aussi en y ajoutant une éthique.
Cette démarche n’est pas simple, mais l’abolition de l’esclavage par Victor Schoelcher, l’école publique laïque obligatoire et gratuite par J. Ferry, l’engagement dans la Résistance de Jean Moulin ou de Pierre Brossolette ne l’étaient pas non plus et il faut s’attendre à des moments de découragements ou de lassitude, mais le pire que nous devrons affronter, est le sentiment de l’inutilité.
Or, tout acte a valeur d’exemple et comme l’affirme la Thora : « qui sauve un homme sauve le monde ».
Comment procéder ?
De la façon la plus simple, c’est à dire en regroupant des petites sommes qui seront réinvesties dans des projets de telle sorte que chaque investissement corresponde à plusieurs projets.
Certaines de ces structures existent déjà dans des comités inter obédientiels : « les Chaînes d’Union ».
Il ne manque plus que la volonté de réactiver ce qui a parfois tendance à s’assoupir.
Je veux terminer en vous rappelant une petite histoire qui pourrait même s’appeler une parabole :
« Un matin de grande tempête, des milliers d’étoiles de mer ont été rejetées sur la plage et commencent à mourir sous les rayons du soleil.
Un jeune garçon, se promène et se baissant de temps à autre, prend un étoile de mer et la rejette à l’eau.
Un homme le regarde et l’interpelle « que fais-tu là mon garçon ? Il y en a beaucoup trop pour les sauver toutes et que tu en renvoies quelques unes à la mer ne change rien … »
Alors, le garçon ramassant une étoile de mer agonisante et la rejetant à l’eau dit : « Pour elle ça change tout » !...
publié par La GLMU à Cherbourg à
13:27
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